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Des Vancouvérois d’origine sénégalaise dénoncent « le coup d’État constitutionnel »
Le Koungheulois Emile Nioke, Papa N’Diongue et Mamadou Bâ (de gauche à droite) dénoncent les actions du président sortant sénégalais, Macky Sall, qui a reporté le scrutin présidentiel qui devait avoir lieu le 25 février 2024.
À Vancouver, « le ciel pleure face à la situation qui prévaut actuellement au Sénégal ». Pour Emile Nioke, instigateur du rassemblement qui dénonce le report des élections présidentielles dans son pays d’origine, « nous sommes en train d’assister à une dictature qui ne dit pas son nom ».
La place Robson Square, au centre-ville de Vancouver, est le théâtre de discussions passionnées. Une poignée de la diaspora sénégalaise s’est donné rendez-vous, indignée par la décision du chef d’État sortant. À trois semaines des élections présidentielles, Macky Sall a annoncé, à la stupeur générale, le report du scrutin présidentiel, qui devait se tenir le 25 février 2024, à une date indéterminée.
Ils se rencontrent, pour la plupart pour la première fois, mais ils sont animés par la même volonté. Ils exhibent des drapeaux aux couleurs de leur pays d’origine, et des pancartes aux messages dénonciateurs : Les fous du pouvoir, ça suffit.
Le Sénégal est secoué par une crise politique depuis le 3 février, date à laquelle le report de l’élection a été annoncé par le président sortant, Macky Sall.
Nous sommes réunis ici pour apporter notre soutien au peuple sénégalais et pour protester vivement […] à ce qui s’apparente à un coup d’État constitutionnel et un refus de démocratie
, dénonce l’ingénieur en logiciels Papa Ndiongue.
D’une même voix, ils martèlent leur abasourdissement face au climat politique au Sénégal. D’une même voix, ils reconnaissent tous pourtant avoir reconnu des signes avant-coureurs. À cinq mois des élections, nous ne savions pas qui serait candidat, toute la logique de la campagne n’était pas faite
, décrit Papa Ndiongue.
L’une des participantes, Awa Tamba, tient fermement une feuille qui mentionne assez, c’est assez
en se protégeant de la pluie sous son parapluie. Elle désapprouve avec fermeté les actes du président sortant : Il a déjà eu le pouvoir, il est venu de nulle part, les Sénégalais lui ont donné sa chance d’être le président et tout le monde s’est battu pour lui
.
Un manifestant à Dakar, la capitale du Sénégal, brandit une pierre dans chaque main. L’ensemble du pays a été secoué par une contestation de grande ampleur.
Aujourd’hui, il doit pouvoir partir et nous laisser un Sénégal en paix, un Sénégal qui se respecte. Et un Sénégal digne, debout
, souhaite Awa Tamba.
Aujourd’hui, notre président est en train de créer un chaos au Sénégal [dont nous n’avons] pas besoin.Une citation de Awa Tamba, une Vancouvéroise d’origine sénégalaise
Nous sommes en train d’assister à une rétention du pouvoir par l’ancien président du Sénégal Macky Sall qui, aujourd’hui, a réussi son coup d’État constitutionnel
, déplore Emile Nioke, vêtu des couleurs de la Terre de la Teranga
Peur pour l’avenir
Pour l’étudiant au doctorat en anthropologie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), Mamadou Bâ, présent au rassemblement, le régime en place a décidé de rompre l’ordre constitutionnel
qui est une menace pour le futur du Sénégal
.
D’après le recensement 2023 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), la population sénégalaise se démarque par une population très jeune. Plus de 70 % des habitants du Sénégal ont moins de 35 ans et l’âge médian d’un Sénégalais est de 19 ans.
Le public apprécie le spectacle lors du concert « Africa Celebrates Democracy » à Dakar, au Sénégal. (Photo d’archives)
Mamadou Bâ est également membre du parti politique Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), un mouvement d’opposition fondé par le principal leader de l’opposition, Ousmane Sonko, en 2014. Il redoute que ce coup d’État constitutionnel conduise à l’arrêt des aspirations de cette jeune population
qui, selon lui, veut finalement retrouver l’espoir de pouvoir vivre de façon décente et digne
.
Nous avons peur pour le présent et pour l’avenir. En ce moment, c’est la peur qui nous tenaille parce que dans un pays où l’ordre démocratique est suspendu, le futur est menacé.Une citation de Mamadou Bâ, étudiant au doctorat en anthropologie à l’Université de la Colombie-Britannique
Réclamer le droit à une démocratie
Depuis le centre-ville de Vancouver, la poignée rassemblée lance un message à la communauté internationale : il est temps de condamner le coup d’État constitutionnel et surtout qu’elle exige la réalisation d’élections à date issue
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Mamadou Bâ s’exprime lors du rassemblement contre le report de l’élection présidentielle au Sénégal, à Vancouver, le 11 février 2024.
La diaspora sénégalaise réclame également au président sortant de laisser le peuple décider
en organisant des élections comme c’était prévu dans le calendrier républicain
.
Comme Mamadou Bâ, Awa Tamba souhaite que le climat politique au Sénégal reflète les besoins primaires de leur peuple : l’éducation, la santé, choisir une personne de confiance pour diriger et amener le peuple sénégalais vers le changement.
WRadio Canada Info