Koungheul, le 23 mai 2025 – Une vive émotion et une profonde indignation ont secoué la ville de Koungheul ce vendredi, rebaptisé « vendredi noir » par les syndicats de la santé, en réaction à l’assassinat tragique de Mamadou Samba Diallo, Infirmier Chef de Poste (ICP) à Arafat, commune de Missirah Wadène. Face à cet acte ignoble, les syndicats du secteur ont observé un débrayage suivi d’un sit-in massif devant les structures sanitaires de la région pour exiger justice, sécurité et reconnaissance.
Un drame de trop pour les agents de santé
Selon les informations recueillies, Mamadou Samba Diallo a été attaqué dans la nuit du mardi au mercredi vers 4 heures du matin. Des individus non identifiés, à bord d’un véhicule 4×4, auraient tenté de voler des moutons à proximité du poste de santé. En tentant d’intervenir après avoir entendu du bruit, l’ICP a été sauvagement agressé à coups de machettes. Malgré une évacuation en urgence vers Koungheul, il a succombé à ses blessures.
“Nous demandons justice et protection”
Dans une rare unité, les différents syndicats — SUTSAS, SUDTM, SAT-Santé et CNTS/Santé — ont exprimé leur colère et leur détresse. “Ce crime s’inscrit dans une longue série de violences, d’agressions et de menaces que subissent les agents de santé dans l’indifférence quasi-totale des autorités”, ont dénoncé les manifestants. Dans une déclaration commune, ils ont lancé un cri du cœur : « Nous disons, ça suffit ! Nous ne sommes pas des cibles. Nous ne sommes pas des boucs émissaires. Nous méritons respect, sécurité et dignité. »
Un symbole de trop : “Plus jamais ça !”
Pour Abdou Aziz Sylla, représentant syndical, la perte de Mamadou Samba Diallo est d’autant plus douloureuse qu’elle touche un professionnel engagé, apprécié de ses collègues et indispensable à la communauté. « Il a été lâchement tué alors qu’il répondait simplement à un appel de devoir, dans son propre logement de fonction », a-t-il déclaré avec émotion.
Mballo Dia Thiam, du SUTSAS, a pointé du doigt la responsabilité des autorités : « Il gérait plus de 10 000 habitants. Et pourtant, aucune mesure de sécurité n’était mise en place. Quand on appelle un agent la nuit pour sauver une vie, on doit aussi penser à sa propre vie ! »
Des actions syndicales fortes annoncées
En réponse au drame, les syndicats ont décrété une journée de deuil national dans le secteur de la santé. Toutes les structures ont été paralysées, à l’exception des services d’urgence. L’Union nationale And Geusseum a également rejoint la mobilisation et annoncé le boycott de la première journée de distribution des moustiquaires.
Un mot d’ordre clair a été lancé aux autorités : « Sécurisez tous les postes de santé. Déployez des agents de proximité. Sinon, ce ne sera que le début d’un vaste mouvement de protestation ! »
Une onde de choc nationale
L’assassinat de l’ICP de Arafat pourrait devenir un tournant dans les revendications du personnel de santé. Dans un secteur déjà éprouvé par des conditions de travail précaires et un manque criant de reconnaissance, cette tragédie ravive les frustrations et la peur.
Le représentant du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), mandaté par le ministère de la Santé, a exprimé ses condoléances à la famille éplorée et promis une suite à la hauteur du drame. « Nous ne laisserons pas ce crime impuni. L’État s’engage à accompagner la famille du défunt et à tirer toutes les leçons de ce drame. »
Un hommage à un homme de devoir
Mamadou Samba Diallo n’était pas qu’un soignant : il était une sentinelle de la santé publique en zone rurale, un visage familier pour des milliers de patients. Son assassinat ne doit pas rester une statistique de plus. Pour les syndicats, sa mémoire doit servir de catalyseur à une réforme urgente de la sécurité dans le secteur sanitaire.
La mobilisation se poursuit. Les regards sont désormais tournés vers l’État. Saura-t-il répondre à cet appel déchirant ?