Dans cet entretien exclusif accordé à Xibarubambouck.com, Mayacine Camara, président sortant du Conseil d’administration des Chemins de Fer du Sénégal (CFS), revient sur son parcours à la tête de cette institution stratégique. Il partage son bilan, les défis relevés et les perspectives pour l’avenir du rail sénégalais, tout en adressant un message fort à ses collaborateurs et aux usagers du réseau. M. Camara a également tenu à remercier le chef de l’État et son gouvernement pour la confiance qu’ils lui ont accordée durant ces années à la tête des CFS, ainsi que le président sortant qui l’avait initialement nommé.
Camara, connu pour son pragmatisme et son engagement inébranlable, a piloté les CFS à travers des périodes de transformation majeure, marquant ainsi l’histoire ferroviaire du Sénégal. À l’heure de passer le flambeau, il partage les leçons apprises, les succès engrangés et les priorités à maintenir pour garantir un avenir radieux aux chemins de fer sénégalais.
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1 – Quelles sont, selon vous, les principales réalisations de la CFS sous votre présidence ?
Durant ma présidence, nous avons concentré nos efforts sur plusieurs axes majeurs. Premièrement, la consolidation des acquis en matière de modernisation des infrastructures, avec la poursuite des travaux sur la dorsale Dakar-Tamba et l’acquisition de matériel roulant. Deuxièmement, nous avons mis un accent particulier sur l’amélioration de la sécurité et de la qualité du service pour nos usagers, principalement les miniers pour le moment. Troisièmement, nous avons travaillé au renforcement de la gestion et à la transparence au sein de la Société Nationale des CFS. Enfin, nous avons initié et renforcé des partenariats stratégiques pour soutenir notre développement et géré efficacement le plan social.
2 – Quelle initiative ou quel projet mené durant votre mandat vous rend le plus fier ?
Je suis particulièrement fier de l’élan que nous avons su donner à la modernisation du réseau, malgré les défis. Voir des projets concrets avancer, comme la relance du trafic entre Dakar et Tamba, pour décongestionner le port et alléger la RN1 des camions maliens, est une grande satisfaction. Nous avons également lancé une phase de réhabilitation de la ligne et la construction d’une plateforme à conteneurs à Tambacounda. Si nous réussissons à faire rouler le train de marchandises entre Dakar et Tamba, les accidents routiers devraient diminuer significativement, et les usagers de la route en bénéficieront directement. Il reste encore quelques travaux de réparation, mais nous espérons rendre la ligne opérationnelle d’ici la fin de l’année.
3 – Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face à la tête du Conseil d’administration ?
Les défis ont été nombreux, comme dans toute grande entreprise. Le financement de la modernisation, avec des investissements lourds, a été une préoccupation constante. Nous avons aussi dû naviguer dans un environnement économique parfois complexe et trouver un équilibre entre les impératifs de modernisation et les réalités opérationnelles. Je félicite le nouveau gouvernement d’avoir élevé le projet de modernisation de la ligne Dakar-Tamba au rang de priorité nationale.
4 – Comment avez-vous surmonté les obstacles liés au financement et à la modernisation du réseau ferroviaire ?
En tant que membre du gouvernement, j’ai pu plaider en faveur de ce projet. Nous avons adopté une approche pragmatique, recherchant activement des partenariats financiers, optimisant l’utilisation des ressources disponibles et élaborant des plans de modernisation progressifs et réalistes. La confiance de l’État et l’engagement de nos partenaires ont été essentiels pour surmonter ces obstacles. Aujourd’hui, l’espoir est permis grâce à des équipes techniques compétentes et engagées, avec à leur tête des dirigeants expérimentés.
5 – Comment se passe la passation avec votre successeur, Monsieur Boubacar Diallo ?
La passation se déroulera, je l’espère, dans un esprit constructif et de continuité. J’ai déjà eu l’occasion d’échanger avec Monsieur le DG, et je m’entretiendrai également avec les administrateurs. Mon objectif est de faciliter une transition harmonieuse pour le bien de l’entreprise et de ses employés, avec une transmission claire des dossiers en cours et des enjeux futurs.
6 – Avez-vous formulé des recommandations particulières pour assurer la continuité des projets en cours ?
Oui, j’ai insisté sur l’importance de poursuivre la dynamique de modernisation engagée, de consolider les relations avec les partenaires et de continuer à placer l’usager au cœur des priorités. La clé du succès réside dans un management efficace et une coopération active de tous les acteurs.
7 – Quelle est, selon vous, la feuille de route prioritaire que devrait suivre la CFS dans les prochaines années ?
La priorité doit rester la modernisation et l’extension du réseau pour mieux connecter les régions et stimuler le développement économique à travers la densification des flux démographiques et économiques. Il est également essentiel d’investir dans la formation du personnel et les technologies pour améliorer l’efficacité et la sécurité.
8 – Quels secteurs (fret, voyageurs, maintenance, etc.) estimeriez-vous devoir recevoir une attention accrue ?
Le fret ferroviaire a un potentiel énorme pour l’économie sénégalaise et mérite une attention particulière. Parallèlement, l’amélioration continue du transport de voyageurs, en termes de confort, de ponctualité et d’accessibilité, est fondamentale. La construction, la réhabilitation et la maintenance doivent également rester des priorités pour garantir la sécurité et la fiabilité du réseau.
9 – Pouvez-vous évoquer les partenariats nationaux ou internationaux que vous avez noués pendant votre mandat ?
Nous avons noué des partenariats importants avec des opérateurs miniers et des entreprises technologiques étrangères, ainsi qu’avec des institutions financières et des universités pour la formation. Au niveau national, la collaboration avec d’autres agences gouvernementales et le secteur privé a été essentielle.
10 – Comment envisagez-vous le rôle de la CFS dans le développement économique et social du Sénégal ?
Les Chemins de Fer du Sénégal sont un levier essentiel du développement. En facilitant la mobilité des personnes et des marchandises, ils contribuent à l’intégration territoriale, à la croissance économique et à l’amélioration du quotidien des Sénégalais.
11 – Quelles leçons tirez-vous personnellement de cette expérience à la tête de la CFS ?
Cette expérience a été extrêmement enrichissante. J’ai appris la valeur de la persévérance face aux défis, l’importance du travail d’équipe et l’impact d’une vision partagée. Je suis profondément reconnaissant envers les professionnels du secteur ferroviaire pour leur dévouement.
12 – Quels sont vos projets ou engagements futurs, dans le secteur ferroviaire ou ailleurs ?
Je prévois de prendre un peu de recul pour me concentrer sur Koungheul et ses communes, qui sont pour moi comme une famille. Je reste cependant ouvert à de nouvelles opportunités pour continuer à contribuer au développement du Sénégal.
13 – Quel message souhaiteriez-vous adresser aux équipes de la CFS et aux usagers du train sénégalais ?
Je remercie sincèrement les équipes de la CFS pour leur engagement et leur travail acharné. Aux usagers, je vous remercie pour votre patience et votre soutien. Le développement du réseau ferroviaire est pour vous et avec vous.
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En quittant la présidence du Conseil d’administration des Chemins de Fer du Sénégal (CFS), Mayacine Camara laisse derrière lui un héritage marqué par des avancées stratégiques et des défis relevés avec courage. Son leadership a permis de redéfinir les bases du secteur ferroviaire sénégalais, en misant sur l’innovation, la modernisation et l’efficience opérationnelle.
Son mandat, marqué par une vision claire et une détermination sans faille, a contribué à repositionner les CFS comme un acteur incontournable du développement économique et social du pays. Alors que le réseau ferroviaire poursuit sa transformation pour répondre aux exigences du marché et des usagers, l’expérience et la vision de M. Camara resteront des atouts précieux pour l’avenir des CFS.
En passant le témoin à son successeur, M. Camara exprime sa gratitude envers les équipes dévouées des CFS et les usagers, tout en réaffirmant son attachement à Koungheul, sa terre d’origine. Il laisse derrière lui un réseau plus robuste, prêt à relever les défis de demain, et un héritage qui inspire confiance pour les générations futures.
Pour Mayacine Camara, le chemin du progrès reste ouvert, avec l’espoir que l’effort collectif poursuivi portera ses fruits pour le bien de tous les Sénégalais, contribuant ainsi à bâtir un Sénégal plus connecté, plus dynamique et plus prospère.
Amadou Mactar SARR