Ce 10 avril 2025, le Sénégal perd une grande figure de la justice avec le décès de Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel. À 73 ans, cet ancien magistrat, reconnu pour son professionnalisme et son sens de l’État, laisse un héritage impressionnant, notamment pour son rôle crucial dans la préservation de l’ordre démocratique. C’est surtout lors de l’élection présidentielle de 2024 que son intervention a marqué un tournant décisif, imposant le respect des principes constitutionnels face à des pressions politiques.
Lors de cette élection cruciale, qui se déroulait dans un contexte de tensions et de contestations, Mamadou Badio Camara a joué un rôle de garant de la stabilité du pays. En février 2024, face à la décision du président Macky Sall de reporter l’élection, le Conseil constitutionnel, sous la présidence de Camara, a pris une décision historique. Le 15 février, le Conseil a déclaré inconstitutionnelle la loi permettant ce report et a annulé le décret présidentiel qui l’accompagnait.
Cette décision, marquée par son audace et son indépendance, a imposé la tenue de l’élection présidentielle le 24 mars 2024, assurant ainsi que le mandat présidentiel se termine à temps, le 2 avril. Cela a permis d’éviter une crise constitutionnelle majeure et de garantir une élection libre et transparente.
Le rôle de Mamadou Badio Camara a été salué comme un acte de courage institutionnel. Sa fermeté a permis d’éviter une déstabilisation des institutions sénégalaises et d’assurer la régularité de l’élection, qui a vu Bassirou Diomaye Faye remporter la présidence dès le premier tour. Camara avait souligné lors de l’investiture de Faye que la résilience du peuple sénégalais et la solidité des institutions avaient permis de garantir un scrutin impartial, sous l’égide d’une justice indépendante.
Malgré ses détracteurs, notamment en raison de sa proximité perçue avec le pouvoir, Mamadou Badio Camara restera dans les annales de la justice sénégalaise comme un défenseur inflexible de l’État de droit et de la Constitution, un acteur incontournable de la préservation de la démocratie.