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Xibarubambouck.com : Entretien avec Abdou Sarr : Perspectives économiques et développement de Koungheul.

Xibarubambouck.com a rencontré Abdou Sarr, docteur en sciences de gestion et expert en traitement des données. Nos échanges ont porté sur la situation socio-économique du Sénégal, l’impact de la suspension de l’aide américaine et la place du département de Koungheul dans la définition stratégique de l’Agropole Centre.

Amsarr : Quelle est votre analyse de la situation économique internationale actuelle ?

Abdou Sarr : La situation économique internationale est marquée par une stagnation des investissements et une hausse de la production. La croissance mondiale devrait s’établir à 3,3 % en 2025. Cependant, depuis l’arrivée de Donald Trump, nous traversons une période d’incertitudes marquée par des tensions commerciales.

Les États-Unis ont imposé des droits de douane au Mexique, à la Chine et au Canada, ce qui a entraîné des représailles de la part de la Chine avec une taxe de 15 % sur le charbon et les produits à base de gaz. Ces tensions risquent d’amplifier la volatilité des prix des matières premières et de provoquer des ajustements monétaires dans plusieurs régions du monde.

L’Afrique, moins résiliente économiquement, est particulièrement exposée à ces fluctuations. Pour le Sénégal, ces défis doivent être transformés en opportunités à travers une diversification économique et un renforcement de la production agricole. Il est crucial de maîtriser les questions de l’eau, de l’énergie et du foncier pour assurer un développement durable.

Amsarr : Dix mois après l’avènement du nouveau régime, quelles sont les perspectives économiques et sociales pour le Sénégal ?

Abdou Sarr : Le nouveau régime a défini des priorités claires : souveraineté alimentaire, transformation industrielle, inclusion sociale, pouvoir d’achat et digitalisation. Malgré un contexte économique difficile, le gouvernement affiche sa volonté de dynamiser l’agriculture, l’élevage et la pêche.

Un accent particulier est mis sur la digitalisation et la réduction du déficit budgétaire. Cependant, les attentes sont grandes sur le pouvoir d’achat, la cherté de la vie, les crises universitaires et l’accès aux services de base, notamment en milieu rural.

Concernant l’exploitation des ressources naturelles, une approche intelligente est essentielle pour éviter le syndrome hollandais et la malédiction des ressources naturelles, comme cela s’est produit au Venezuela et au Nigeria.

En ce début d’année 2025, il est temps de tourner la page. Le président doit lancer un appel à l’unité nationale et mettre en place des réformes courageuses. Une réduction drastique du train de vie de l’État et une meilleure gestion des ressources sont nécessaires pour redresser l’économie.

Amsarr : Quelles sont les conséquences économiques de la suspension de l’aide américaine ?

Abdou Sarr : L’Agence américaine pour le développement international (USAID) dispose d’un budget de plus de 40 milliards de dollars, destiné à l’aide humanitaire et au développement à travers le monde. L’arrêt de cette aide a un impact direct sur les secteurs de la santé et de l’éducation, en particulier dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui bénéficiaient de plus de 700 millions de dollars pour des actions humanitaires.

Au Sénégal, la suspension concerne notamment le programme du Millenium Challenge Account (MCA), qui prévoyait un financement de 316 milliards FCFA (500 millions de dollars) pour l’électrification rurale. Cette situation souligne la nécessité pour le Sénégal de renforcer son indépendance financière et d’attirer davantage d’investissements privés.

Ma conviction est claire : nous ne nous développerons jamais avec l’aide extérieure.

Amsarr : Le référentiel SN2050 prévoit la création de nouvelles zones économiques. Pouvez-vous nous expliquer leur lien avec les agropoles ?

Abdou Sarr : Le référentiel SN2050 vise à structurer l’économie autour de pôles compétitifs en maximisant l’exploitation des ressources locales. Plusieurs zones économiques spéciales ont été définies, intégrant des agropoles, des hubs industriels et des corridors logistiques pour rapprocher les producteurs des industries de transformation et des marchés de consommation.

Toutefois, la réussite de ces agropoles dépend de facteurs préalables :
• Un réseau de communication dense (routes, chemins de fer, pistes rurales et aéroports secondaires).
• Une maîtrise de l’énergie et de l’eau pour soutenir les activités agro-industrielles.

Les agropoles permettront de réduire le chômage, notamment chez les jeunes et les femmes, en créant des chaînes de valeur autour des productions locales.

L’Agropole Centre, qui couvre plusieurs départements, présente des atouts majeurs en misant sur l’écotourisme, le tourisme religieux, l’agriculture, l’élevage et les hydrocarbures. Koungheul y occupera une place stratégique grâce à sa situation géographique.

Amsarr : Pouvez-vous nous donner des détails sur l’Agropole Centre et ses perspectives ?

Abdou Sarr : L’Agropole Centre vise à moderniser l’agriculture, encourager la transformation locale et faciliter l’accès aux marchés. Son développement s’articule autour de l’arachide, du mil, du maïs et de l’élevage, avec la mise en place d’unités de transformation pour limiter les pertes post-récolte.

À terme, cet agropole devrait générer des milliers d’emplois et renforcer l’autosuffisance alimentaire. L’objectif est d’absorber plus de 40 % du chômage des jeunes. Toutefois, les erreurs du passé ne doivent pas se répéter :

L’échec de nombreux projets vient du manque d’implication des acteurs locaux. J’espère que le gouvernement tiendra compte des expériences antérieures dans la mise en œuvre. Un projet non inclusif est souvent voué à l’échec.

Le PRODESK (Programme de Développement Économique et Social de Koungheul) offre une expérience précieuse à cet égard. Bien que jamais mis en œuvre, il avait identifié des priorités essentielles, telles que :
• La modernisation agricole et l’accès aux semences améliorées.
• Le développement des infrastructures rurales et des pistes de production.
• L’électrification et la transformation agroalimentaire.
• L’insertion des jeunes et des femmes dans l’économie locale.

L’Agropole Centre doit s’inspirer de ces recommandations pour éviter de tomber dans les mêmes travers que d’anciens projets mal exécutés.

Amsarr : Pouvez-vous nous fournir les statistiques démographiques et économiques de Koungheul ?

Abdou Sarr : Payar est souvent défini comme le centre du Sénégal. Toutefois, il convient de noter qu’il est légèrement désaxé. Koungheul, en revanche, bénéficie d’une position géographique plus stratégique, ce qui en fait un axe de communication essentiel. Il permettra à l’Agropole Centre d’être en liaison avec la Gambie, ainsi qu’avec l’Agropole Sud, l’Agropole Sud-Est, l’Agropole Nord-Est et l’Agropole Louga-Diourbel. La route Koungheul-Lour-Ribot jouera un rôle clé dans cette interconnexion entre les différentes zones économiques.

La population du département repose principalement sur l’agriculture et l’élevage. Les dernières données du recensement mettent en évidence plusieurs aspects significatifs.

L’analyse des indicateurs démographiques révèle une répartition relativement équilibrée entre les hommes et les femmes, avec un rapport de masculinité de 103,24 hommes pour 100 femmes. La population est également segmentée par tranches d’âge, ce qui permet d’identifier les groupes les plus représentés et d’anticiper les besoins en infrastructures, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé.

Avec seulement 12,3 % de sa population vivant en milieu urbain, Koungheul demeure un département à dominante rurale, marqué par une forte activité agricole et pastorale. Cette situation met en évidence plusieurs défis majeurs : l’accès aux infrastructures, l’amélioration des services de base (santé, éducation, routes), ainsi que l’inclusion des personnes en situation de handicap.

En matière de gestion de la croissance démographique, on observe une augmentation significative des besoins en logements, en emplois et en formations. La population du département étant en pleine expansion, ces données constituent un outil essentiel pour les autorités locales et les acteurs du développement, leur permettant d’adapter leurs politiques aux réalités démographiques et économiques de Koungheul.

Conclusion

À travers cet entretien, Abdou Sarr met en lumière les défis et opportunités économiques du Sénégal et de Koungheul en particulier. La transformation agricole, l’industrialisation et l’amélioration des infrastructures sont essentielles pour une croissance inclusive et durable dans la région.

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