Le 14 avril 2025, lors d’une session de questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale, le député Guy Marius Sagna a déposé une proposition de résolution visant à mettre en accusation l’ancien président Macky Sall pour haute trahison. Cette initiative s’appuie sur l’article 101 de la Constitution sénégalaise et la loi organique relative à la Haute Cour de justice.
Des accusations de gestion opaque
Dans son exposé des motifs, Guy Marius Sagna s’appuie sur le rapport de la Cour des comptes, qui révèle des irrégularités majeures dans la gestion des finances publiques entre 2019 et 2024. Selon ce rapport, plus de 2 517 milliards de francs CFA auraient été contractés en dehors de tout cadre légal, sans autorisation parlementaire ni inscription dans une loi de finances. De plus, l’utilisation massive de comptes de dépôt au Trésor, pour un montant de 2 562 milliards de francs CFA, aurait échappé à tout contrôle parlementaire.
La Cour des comptes souligne également que le déficit budgétaire réel pour l’année 2023 serait de 12,3 % du PIB, contre 4,9 % annoncé officiellement, et que la dette publique atteindrait près de 100 % du PIB, remettant en cause les chiffres officiels publiés sous la présidence de Macky Sall.
Une procédure exceptionnelle
La mise en accusation d’un ancien président de la République est une procédure rare et grave, réservée aux cas de haute trahison. Elle nécessite un vote à la majorité des trois cinquièmes des membres de l’Assemblée nationale. Si la proposition de Guy Marius Sagna est adoptée, Macky Sall pourrait être jugé par la Haute Cour de justice pour sa gestion des finances publiques durant son mandat.
Cette démarche s’inscrit dans le contexte d’une volonté affichée par les nouvelles autorités sénégalaises de renforcer la transparence et la bonne gouvernance, en tenant pour responsables les anciens dirigeants en cas de manquements graves.
