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Xibarubambouck.com : Justice et pouvoir : une frontière floue ? Par Mbaye Ababacar As Sadiq

Au Sénégal, la justice est-elle réellement indépendante ou demeure-t-elle un instrument aux mains du pouvoir exécutif ? Cette question, aussi ancienne que l’État lui-même, se pose avec acuité à chaque crise politique. Entre ingérence, pressions et équilibres fragiles, la séparation des pouvoirs semble parfois plus théorique que réelle. Dans cette chronique, Mbaye Ababacar As Sadiq interroge l’histoire, analyse les faits et soulève une problématique essentielle : la justice sénégalaise peut-elle être impartiale si l’exécutif en fixe les règles du jeu ?

Un défi pour la société

La nature ne cesse de nous défier et de défiler devant nous.

« Vous, hommes, vous m’avez exploitée. Vous avez transformé plaines et montagnes pour construire, pour exister et résider.
Vous vous êtes ensuite dotés de lois pour vivre en harmonie et en toute quiétude.
Serez-vous capables de respecter ces principes comme prévu ? Saurez-vous garantir la stabilité tant espérée avec ces lois ? »

Quel défi !

Pour vivre en harmonie, il est essentiel de respecter les normes sociales que nous nous sommes fixées. Nos lois et nos aspirations doivent exprimer notre capacité à nous intégrer, à nous imprégner et à renforcer notre humanisme. Mais cela ne peut être effectif que si ces normes sont véritablement respectées.

Une justice sous influence ?

Cependant, les lois censées nous organiser et nous garantir l’harmonie sont souvent accusées de partialité et de dépendance. Ce constat est préoccupant, car il remet en cause notre humanisme et notre conception même de la justice. Qu’en est-il réellement ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Les normes sociales, culturelles et cultuelles sont régies par des lois politiques. En théorie, le pouvoir législatif, qui représente le peuple, vote ces lois, tandis que l’exécutif les applique. Un troisième pouvoir, le judiciaire, est chargé de veiller à leur respect. Si chacun joue son rôle, aucun ne devrait avoir d’influence sur l’autre.

Or, en pratique, l’exécutif peut, à tout moment, modifier les règles du jeu. C’est là que la justice devient une entité perçue comme dépendante, un outil parfois utilisé pour museler des opposants politiques. Pourtant, l’implication de l’exécutif dans les affaires judiciaires ne devrait pas être une fatalité, car c’est lui qui porte la responsabilité de l’application de la loi.

Qui définit les règles ?

La justice devrait œuvrer pour une gestion harmonieuse de la cité en structurant ses outils d’organisation. Mais si l’exécutif définit les lois et contrôle la justice, alors il devient à la fois maître du jeu et arbitre.

Historiquement, les Diaodine, Diogomay et Maalo étaient désignés par une assemblée de notables, comme dans une démocratie. Mais sous l’autorité du Brack, ces choix étaient souvent biaisés. De même, dans une république censée être « du peuple, par le peuple et pour le peuple », l’exécutif conserve un pouvoir immense sur la justice.

Qui nomme les juges ? Qui nomme les magistrats ?
Le président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est-il réellement déconnecté de la Haute Cour de justice ?

Il est évident que l’exécutif influence le judiciaire, et cette relation peut être perçue soit positivement, soit négativement. Mais dans tous les cas, la justice ne peut réellement être indépendante que si elle a le choix. Si elle est utilisée comme une arme politique, elle ne survivra pas à cette instrumentalisation.

Quand la justice devient une tradition de l’injustice

L’histoire nous a montré de nombreux exemples de cette tension entre justice et politique : Senghor contre Dia, Diouf contre Wade, Wade contre Macky, Macky contre Sonko, Sonko contre Diomaye…

Aujourd’hui, combien de citoyens sénégalais sont interdits de sortie du territoire sans notification judiciaire ? Est-ce devenu une tradition qui doit se perpétuer ?

La séparation des pouvoirs a toujours été une utopie. L’ingérence de l’exécutif dans le législatif et le judiciaire est une réalité préoccupante. L’impartialité de la justice ne dépend que du bon vouloir du pouvoir en place. Dans un Parlement largement dominé par la majorité présidentielle, quel avenir pour une justice libre et indépendante ?

Quelle justice pour demain ?

Le concept “Jub, Jubal, Jubanti” (vérité, transparence, équité) est un défi que ses auteurs se lancent à eux-mêmes, à la justice et à la société toute entière. L’objectif est d’offrir à chacun l’opportunité de vivre dans un climat de paix, de sécurité et d’épanouissement.

Mais est-ce réalisable ? Si oui, qu’ils trouvent les moyens de sa mise en œuvre ! Car une justice équitable est un besoin urgent pour tous.

Aujourd’hui, beaucoup de personnes croupissent en prison faute de moyens de défense ou simplement parce qu’elles sont victimes d’injustice.

Un regard sur la Maison d’Arrêt de Kaffrine

En passant devant la Maison d’Arrêt de Kaffrine vers 13h, j’ai eu le cœur meurtri.

Des bols de repas étaient posés ici et là, attendant leurs propriétaires. J’ai ressenti un profond désir de voir ces détenus retrouver leur liberté.

La liberté est précieuse.

Comme par hasard, une inscription sur le mur de la prison semblait répondre à ma réflexion :

« Si tout le monde pouvait enfreindre la loi, plus personne ne serait libre. »

Mais à cela, j’ai voulu répondre :

« Si ceux qui sont chargés d’appliquer la loi sont ceux qui l’enfreignent, alors qui est fait pour être libre ? »

C’est ma question.

Bon Ramadan à tous !

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