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Xibarubambouck.com : L’action syndicale face aux défis du pays : une légitimité incontestable

Par Abdoul Aziz Camara Expert/formateur syndical, membre du bureau confédéral de la CNTS

Depuis l’Assemblée générale du Rassemblement des Forces Syndicales du Sénégal, tenue le 14 février 2025 à la Bourse du Travail de la CNTS “Keur Madia”, le débat sur l’action syndicale s’est intensifié dans l’espace public. Face aux critiques et aux tentatives de discrédit des détracteurs du mouvement syndical, il est essentiel de rappeler la légitimité historique et juridique du syndicalisme comme outil de défense des travailleurs.

Un débat dans un contexte économique et social tendu

Les discussions actuelles s’inscrivent dans un contexte marqué par une situation économique et sociale préoccupante. Face aux difficultés croissantes rencontrées par les travailleurs, les organisations syndicales ont jugé nécessaire de renforcer leurs stratégies et d’appeler les nouvelles autorités à des concertations inclusives. L’objectif est de trouver des solutions consensuelles aux nombreux défis du monde du travail.

Cependant, malgré cette démarche responsable et constructive, certains s’emploient à remettre en question la légitimité des syndicats, en les accusant de vouloir alimenter une tension inutile. Or, il convient de rappeler que la liberté syndicale n’est pas un privilège, mais un droit fondamental, inscrit dans plusieurs textes de référence.

La liberté syndicale : un droit fondamental protégé

Le droit syndical est consacré à l’échelle internationale et nationale. Dès 1919, la Constitution de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) faisait de la liberté syndicale la clé de voûte de son programme d’action.

En 1944, la Déclaration de Philadelphie affirmait que la liberté d’expression et d’association était une condition essentielle au progrès social.

Enfin, la Convention n° 87 de l’OIT de 1948 est venue organiser et protéger la liberté syndicale et le droit syndical, consolidant ainsi le cadre juridique international.

Au Sénégal, la Constitution garantit explicitement ces droits :

Le préambule proclame le respect et la garantie intangible des libertés syndicales. L’article 20 (alinéa 2) stipule que « Le travailleur peut adhérer à un syndicat et défendre ses droits par l’action syndicale ». L’article L-6 du Code du Travail précise que « Les syndicats professionnels ont exclusivement pour objet l’étude et la défense des intérêts économiques, industriels, commerciaux, agricoles et artisanaux ».

Le droit de grève : un outil de pression encadré

La grève, souvent perçue comme un ultime recours, est un droit constitutionnel dont l’exercice est collectif. La Constitution, dans son article 25, stipule que « le droit de grève est reconnu. Il s’exerce dans le cadre des lois et règlements qui le régissent et ne peut en aucun cas porter atteinte à la liberté du travail ».

Dans la fonction publique, la Loi n° 61-33 du 15 juin 1961, modifiée par la Loi n° 71-31 du 12 mars 1971, précise les modalités d’exercice du droit de grève.

Cependant, l’administration dispose d’un droit de réquisition pour certains agents occupant des postes stratégiques (sécurité des biens et des personnes, maintien de l’ordre, continuité du service public).

Malgré ces restrictions, les récentes actions des organisations de travailleurs restent parfaitement légitimes et conformes aux Normes Internationales du Travail, à la Constitution et au Code du Travail sénégalais.

Un appel à un dialogue social responsable

Plutôt que de chercher à discréditer les organisations syndicales, il serait plus constructif de favoriser un dialogue ouvert et sincère entre les travailleurs, les employeurs et l’État. Le syndicalisme, loin d’être un frein, est un acteur clé du développement économique et social.

L’État a donc la responsabilité d’instaurer un climat apaisé, en mettant en place un cadre de concertation efficace avec les partenaires sociaux. D’ailleurs, une grande rencontre est prévue dans les jours à venir, réunissant le gouvernement, les organisations d’employeurs et les syndicats.

Il reste maintenant à voir si cette opportunité sera saisie pour bâtir un dialogue social constructif et garantir aux travailleurs la défense de leurs intérêts.

À suivre

Dans la deuxième partie de cet article, nous reviendrons sur les progrès sociaux réalisés par les organisations syndicales en général, et la CNTS en particulier, sous l’impulsion du camarade Mody GUIRO.

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