Le modèle mouride constitue une organisation sociale et économique unique en Afrique. Basé sur la solidarité, la participation citoyenne et une gouvernance éthique, il a permis la construction et le développement de Touba, ville emblématique du mouridisme. Pourtant, malgré son efficacité, ce système reste sous-exploité à l’échelle nationale.
Une Organisation Collective et Citoyenne
Le succès du modèle mouride repose sur une organisation rigoureuse et une participation citoyenne active. À travers des dahiras (associations communautaires), les membres collectent et redistribuent des ressources pour financer des projets de développement. Ce fonctionnement garantit un autofinancement efficace, essentiel pour bâtir des infrastructures et améliorer le cadre de vie des populations.
L’exemple de Touba Ca Kanam illustre parfaitement cette dynamique : chaque mouride y contribue au moins 1 000 FCFA, générant ainsi des milliards investis dans l’assainissement, l’éclairage public et la santé.
Un Leadership Éclairé et une Gouvernance Éthique
L’un des piliers du modèle mouride est la confiance absolue en ses dirigeants religieux, qui placent l’intérêt collectif au-dessus des ambitions personnelles. Contrairement à de nombreuses institutions étatiques, où la gestion des ressources est souvent entachée de corruption, les fidèles confient leurs dons sans exiger de comptes détaillés, convaincus de leur utilisation optimale et transparente.
Ce modèle prouve que l’absence de corruption renforce la légitimité et l’efficacité des actions engagées.
Une Capacité d’Autofinancement Impressionnante
Le mouridisme ne repose pas uniquement sur la foi, mais aussi sur une stratégie économique bien pensée. Grâce à des initiatives agricoles (comme Khelcom, vaste domaine de plusieurs milliers d’hectares), des contributions mondiales des dahiras et des dons privés, la communauté génère des centaines de millions d’euros.
Malheureusement, ces ressources restent sous-exploitées. Elles pourraient être davantage investies dans :
• L’industrialisation locale, pour réduire la dépendance aux importations ;
• Le développement agricole et l’élevage, afin de renforcer la sécurité alimentaire ;
• L’amélioration des infrastructures publiques, pour un impact national durable.
Un Modèle Réplicable au Sénégal et en Afrique
Loin de bénéficier uniquement à la communauté mouride, ce système a déjà prouvé son efficacité dans des actions humanitaires internationales (dons pour les sinistrés en Turquie et au Maroc). Il représente une alternative crédible aux modèles de développement classiques, souvent basés sur l’aide extérieure et l’endettement.
Pourtant, le Sénégal tarde à institutionnaliser ce modèle, qui pourrait être un levier de croissance nationale. Si cette dynamique communautaire n’est pas renforcée et préservée face aux défis de la modernité, elle risque de disparaître.
Conclusion : Une Opportunité à Saisir
Le paradoxe est clair : le Sénégal peine à exploiter un modèle qui fonctionne en son sein. Il est temps d’engager une réflexion nationale sur l’intégration et la structuration de ces dynamiques communautaires, pour bâtir un développement inclusif et durable.
Le modèle mouride n’est pas qu’un exemple religieux, il est une véritable stratégie de développement qui pourrait inspirer l’Afrique et le monde.
