Un vent de transition souffle sur l’Alliance des Forces de Progrès (AFP). Ce samedi 26 avril 2025, le parti fondé en 1999 par Moustapha Niasse a tenu son congrès, actant officiellement le départ de son fondateur et Secrétaire général, après plus de deux décennies à la tête de la formation politique.
Ce moment historique pourrait sceller l’entrée de l’AFP dans une nouvelle ère — ou amorcer son déclin, à l’image de nombreux partis bâtis autour d’une figure dominante. Marcel Diana Ndiaye, Secrétaire national chargé de l’administration de la permanence, a confirmé le retrait de Niasse lors d’un point de presse, précisant que ce dernier reste « en retrait, mais loin de la retraite ». Le parti travaille à construire un consensus autour de son successeur, misant sur la continuité et le rajeunissement.
Mbaye Dione, un choix de consensus
Le consensus s’est clairement dégagé autour de Mbaye Dione, député-maire de Ngoundiane, qui avait publiquement affirmé son ambition de diriger l’AFP. « Je veux être le président. J’ai la position pour l’être, mais ce sont les militants qui vont choisir », déclarait-il en février dernier sur la RTS. Plusieurs sources internes confirment aujourd’hui que Mbaye Dione a officiellement été porté à la tête du parti à l’issue du congrès.
Face à une troisième alternance politique au Sénégal, l’AFP est confrontée à l’impératif de se renouveler pour continuer d’exister. Fondée pour offrir une alternative sociale-démocrate au Parti socialiste, la formation progressiste doit maintenant redéfinir son rôle sous la conduite d’une nouvelle génération de leaders.
Moustapha Niasse, un parcours d’exception
Moustapha Niasse, 85 ans, a traversé toutes les grandes séquences politiques du Sénégal moderne. Haut fonctionnaire repéré par Senghor, il est nommé ministre des Affaires étrangères en 1978, puis Premier ministre en 1983 sous Diouf. Candidat en 2000 à l’élection présidentielle, il obtient 16,77 % des voix, joue un rôle clé dans la première alternance en soutenant Abdoulaye Wade, avant de créer l’AFP.
Sa carrière sera marquée par des engagements successifs : Premier ministre de Wade en 2000, opposant dès 2001, acteur majeur de la deuxième alternance en 2012 aux côtés de Macky Sall, et président de l’Assemblée nationale pendant une décennie (2012–2022).
Un héritage lourd à porter
Même après son retrait de la présidence de l’Assemblée nationale, Niasse est resté une figure incontournable dans la majorité présidentielle. Il fut en 2023 le coordonnateur du processus de désignation du candidat de Benno Bokk Yakaar pour la présidentielle de 2024.
Homme de consensus, stratège politique, Moustapha Niasse laisse derrière lui un parti façonné à son image. Le défi pour Mbaye Dione sera de préserver cet héritage tout en adaptant l’AFP à un paysage politique dominé désormais par de nouvelles forces, notamment le Pastef, aujourd’hui au pouvoir.
Le chantier s’annonce immense. Mais avec cette transition historique, l’AFP espère ouvrir une nouvelle page de son histoire.
